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A demi mondes
2 décembre 2010

Résurrection du blog endormi

Lieu : Forest Grove, Oregon, chez moi
Humeur : détermination nocturne
Playlist: reprise de l'album Dark Side of the Moon des Pink Floyd par les génialissimes Flaming Lips + Heligoland, le dernier album de Massive Attack

Chers.

Me voici au (re)commencement.

Le blanc de l'HTLM, le mouvement de mes mains, de mes doigts, les pressions que ceux-ci, eux-mêmes commandés par d'autres impulsions électriques qui voyagent le long de mes nerfs, exercent sur les touches de mon clavier, sont des choix.
Je pourrais écrire à peu près tout, à peu près n'importe quoi. Mais, l'acte d'écriture est nécessairement une restriction de l'infini. Le langage est une restriction de l'infini. Non, je me reprends, la communication est une restriction de l'infini.
Le langage, lorsqu'il est poétique, est ouverture. La communication est fermeture et précision puisqu'elle a pour but l'émission et la réception d'un message.

Mais qu'en est-il de l'improvisation textuelle ? Des premiers soubresauts de l'écriture, que l'on fabrique ou que l'on taille grossièrement ?
Est-ce l'échauffement de celui ou celle qui souhaitent écrire ? Les doigts et les neurones font leur petit footing en sifflotant avant de passer aux choses sérieuses.
Peut-être est-ce aussi le piège du joggeur du dimanche qui s'épuisera à s'échauffer et rentrera chez lui avant d'avoir pris la "chose sérieuse " à bras le corps.

Où s'arrêter et comment lorsque l'on commence ?

Prenons un exemple concret et ici métatextuel (en gros, moi qui écrit ce texte qui traite de moi en train d'écrire... un jeu de miroirs qui, si vous ne vous accrochez pas peut vous conduire à vous retrouver acteur principal d' une pub pour un analgésique effervescent mal vieillie et qui a pour fond sonore une musique d'ascenseur, voire de film interdit au moins de 16 ans, et un budget de production équivalent à celui du budget culture d'un village Front National dans le sud-est).

Je, rédactrice intermittente de ce blog, me suis résolue à écrire quelque chose, suite à plusieurs argumentations-impulsions-raisons-demandes-(auto)suggestions-pressions internes ou externes, permanentes, récurrentes ou ponctuelles.

Récemment, je me suis rendu compte que je dialoguais énormément avec moi même. J'ai cette tendance à mettre en mot (comme une sorte de verbalisation intérieure) mes raisonnements, mes pensées, mes idées, mes remarques, etc. Peut-être est-ce pour cela qu'il m'est facile d'écrire, de produire des phrases, ou d'improviser. Par exemple, si je pense au fait d'aller rendre mon livre à la bibliothèque, je vais clairement entendre en moi "je vais aller à la bibliothèque rendre mon livre » ou une phrase du genre qui sera, selon le contexte, en anglais, en français ou en quelque chose entre les deux qu'il me sera bien difficile à définir et expliquer clairement et que je nommerai volontiers l’entrelangue.

Ainsi dans mon autodialogue je me dis souvent qu'il faut que j'écrive quelque chose. La tendance la plus raisonnable et constructive me dicte de reprendre le fil narratif du blog, de poursuivre là où je m'étais arrêtée et ainsi tenir ma promesse d'auteur. C'est la tendance première que j'ai affectueusement nommée Résolution du médiocre Cliffhanger.
L'autre tendance relève de l'arnacologie littéraire. C'est la version dans laquelle moi et mes voix pondons quelque chose, une petite cacahuète textuelle pour vous mettre en appétit, sans gros effort ni d'écriture ni d'organisation narrative, mais suffisamment élaborée pour rendre mes commères internes aphones et dilater vos pupilles de lecteurs en manque de mots assez longtemps pour que vous ne mouriez pas d'inanition verbale ou pire... vous mettiez à me détester.

Métatextuel... vous voyez un peu mieux ? Non ? Moi non plus, et puis je m'essouffle.

Une pause musicale parce que l'improvisation, l'échauffement, le footing littéraire du dimanche est en train de se transformer en contenu premier de ce post, et j'ai besoin de reprendre mes esprits (si tant est que je retrouve mon filet à esprits...) et de reposer mes muscles.



Aaah. Cela va mieux non ?

Il est fatigant de pianoter de digression en digression. L'esprit s'essouffle. L'oxygène vient à manquer et on se voit contraint de rentrer chez soi épuisé, médiocrement content d'avoir "pris un peu d'air pur " alors que ce que l'on a réellement fait, c'est gesticuler à se rendre tout rouge et précipiter un peu plus la crise d'arthrite (entropie du corps moderne) qui nous menace de toute façon.

I) Paragraphe sérieux qui va au fond des choses réellement importantes.

Dans ce paragraphe, qui vous donnera l'illusion que je suis une auteure de talent, proche de l'érudition absolue, et en constante recherche ontologique, j'aborderai des questions philosophiques essentielles. Suivant un raisonnement élaboré je citerai et critiquerai à la fois les grandes figures de la pensée antique occidentale, mais également orientale, et les argumentaires les plus sophistiqués de la sphère intellectuelle mondiale contemporaine. J'éveillerai en vous des sentiments nouveaux et provoquerai votre esprit critique. Vous serez engagés, tellement en(g)(r)agés qu'à votre tour vous sentirez le besoin d'écrire des choses sérieuses qui vont vraiment au fond des choses. Ainsi, vous écrirez à votre tour des paragraphes qui vous feront vous sentir intelligents et à la pointe de ce qu'il se fait de mieux de nos jours dans la pensée moderne. Bien évidemment, vous me citerez comme votre maître à penser et unique source d'inspiration et cela vous contentera autant que moi.

pi

pi
Capture d'écran du film "Pi" de Darren Aronofsky



Une ritournelle de questions me préoccupe l'esprit dernièrement.
Je ne suis pas sûre qu'ici soit le lieu approprié à l'exposition de ces questions, mais à défaut d'autre chose, j'en profite.

Je suis en train de songer à écrire. Je travaille attentivement à une forme plus élaborée et dense, qu'une suite de vagues élucubrations passablement drôles et intéressantes sur un blog qui contient beaucoup trop d'adverbes et de répétitions pour être pris au sérieux. Mais voilà, ma naïveté mêlée aux attentes littéraires parfois utopistes, parfois pédantes que mon cursus universitaire à créé en moi font que je suis bloquée. Tout est un vaste miasme informel. Je suis incapable d'élaborer une trame narrative la plus simple qui soit. Mes personnages sont encore ce qui parait le plus consistant et semble fonctionner le mieux. Je sens qu'il me faut une tension pour faire avancer le schmilblick, mais chaque fois que je m'essaye à une nouvelle stratégie, que je tente de développer une nouvelle idée ou même simplement, de connecter deux éléments entre eux, je m'autocensure à grand coup de "C'est nul!", "C'est du Star Club", "Ca a déjà été fait mille fois, et mille fois mieux que toi. " Et finalement, je n'écris rien. Alors, comment m'y prendre docteur ? Car je dois écrire, je le sais. C'est d'ailleurs la seule certitude que j'ai. Mais ne vous méprenez pas sur mes intentions, cette certitude est loin d'être qualitative ! Je ne dois pas écrire parce que je suis plus ou moins bonne sur une quelconque échelle qualitative de la production écrite (qui serait de toute façon stupide !). Je dois écrire parce que cela fait sens en moi. Cela enclenche mes rouages.

J'essaye d'aborder transversalement la question de l'écriture et de ce que j'ai envie d'appeler, avec sûrement beaucoup de prétention et de manière fort pompeuse, la culpabilité de l'être écrivant. Et pour cela je lis ce que ceux qui ont déjà écrit ont à dire sur le sujet. La plupart d'entre eux sont déjà morts. Il semble plus facile d'avoir des choses à dire, et de les dire avec du recul quand on est mort.

Note à moi-même : Bien que ce que tu viens de dire sur la mort, le recul, et l'objectivité est plein d'esprit, d'humour, etc., n'oublie pas d'écrire et de dire des choses avant de mourir... Parce que malheureusement, le silence et le vide pre-mortem, restent silence et vide post-mortem...

Trêve de plaisanterie, revenons à nos tricots, je lis. En ce moment, je lis des essais de jeunesse et plus tard de Jorge Luis Borges publiés en 2010 chez Penguin Books dans une traduction de Suzanne Jill Levine sous le titre de On Writing .
C'est un bouquin que j'ai acheté un peu au hasard cet été, alors que je flânais à City Lights, la librairie de Lawrence Ferlinghetti à San Francisco. Inspirée par le cachet du lieu et ce qu'il représente, je me suis senti l'âme d'un Paul Auster à Brooklyn, prête à tapoter
l'oeuvre du siècle sur les touches de ma machine à écrire à écran. Mais dans mes rêveries débridées, j'ai tout de même gardé la pointe d'un ongle d'orteil sur Terre et me suis dit qu'il ne serait pas mal de me documenter un tantinet sur c'estquoidoncbonsangêtreécrivainetécriredesbouquins ...
Achat non regretté.

J'en ai écrit des choses, ce soir. Et Itunes m'indique que j'ai écouté les deux albums de ma playlist 3 fois. Il est donc temps pour moi de m'abandonner à mon inconscient et laisser les petites secrétaires de mon cerveau ranger ma tête et tout remettre en ordre.

Je n'ai toujours pas résolu mon médiocre Cliffangher... Cela viendra.

À bientôt, mes [mot gentil et flatteur qui séduira tout un chacun et laissera au lecteur un sentiment de bien-être].

Sarah








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